Bien que le syndrome du museau blanc soit, de nos jours, la principale menace pour les populations de chauves-souris du nord-est de l'Amérique du Nord, il reste que plusieurs de nos populations subissent d’autres pressions. La perte d’habitats, le dérangement par les humains, les pesticides et le développement éolien sont tous des facteurs qui peuvent avoir un impact négatif sur les populations de chiroptères de l'est du Canada.

La perte et la modification de l’habitat

Les chauves-souris du Canada vivent principalement dans les milieux forestiers (conifères et/ou feuillus) et elles chassent à proximité de plans d’eau (étangs, rivières, lacs). Les modifications du territoire, par le développement urbain, la foresterie et l’agriculture, affectent l’habitat des chauves-souris. Ces activités entraînent, entre autres, une diminution de la présence de chicots, d’arbres matures servant d’abris et une détérioration des milieux humides. Par conséquent, les chauves-souris qui profitent de nos forêts se retrouvent avec un nombre réduit d’abris et de sites d’alimentation au fil des années. La protection et la conservation de zones forestières en bordure de plans d’eau sont importantes car ce sont des endroits privilégiés pour les chiroptères.

Certaines études montrent que la création de petites ouvertures forestières pourraient offrir des opportunités d’approvisionnement aux chiroptères ainsi que leur fournir des points d’orientation lorsqu’ils naviguent à l’échelle du paysage. Il est donc possible, avec une gestion adaptée des coupes forestières, de maintenir un habitat adéquat pour les chauves-souris (Grindal and Brigham 1998).

Dérangement dans les hibernacles

Afin de réduire les dépenses d’énergie durant l’hiver, les chauves-souris abaissent leur température corporelle durant cette période. Pour ce faire, elles trouvent refuge dans des endroits qu’on appelle hibernacles, c'est-à-dire des mines abandonnées ou des grottes naturelles leur permettant de maintenir leur corps à de basses températures. Durant cette période critique de leur cycle de vie, les chauves-souris sont très sensibles aux variations de température, de lumière ainsi qu’aux bruits.

Les visites de grottes réalisées durant la période d’hibernation peuvent nuire aux chauves-souris car la présence humaine occasionne des réveils inutiles chez ces dernières. Au cours de leur hibernation, il est normal que les chauves-souris se réveillent, habituellement une fois par mois, pour boire et uriner. Un seul réveil demande l’équivalent de 30 à 60 jours de réserves énergétiques! Plus elles s’éveillent souvent moins il leurs reste d’énergie pour survivre à l’hiver. Elles meurent alors d’épuisement, de déshydratation et de faim. Il faut aussi savoir que lors de l’hibernation, la température corporelle et le système immunitaire des chauves-souris sont faibles, ce qui les rend encore plus vulnérables. Il est donc fortement déconseillé de pratiquer des visites de grottes habitées par les chauves-souris durant l’hiver.

L’expulsion de chauves-souris d’une maternité

Au cours de la saison estivale, les chauves-souris se regroupent en colonies pour donner naissance à leurs jeunes et les nourrir. Elles trouvent alors abri dans des endroits, appelés maternités, qui sont généralement des milieux où la chaleur s’accumule comme les greniers, les murs de maisons, les entre toits, les cheminés, etc. Ces sites sont essentiels à la reproduction des chauves-souris et leur préservation est importante.

Lorsqu’une maternité se trouve dans un bâtiment habité, la cohabitation peut s’avérer difficile. Il est néanmoins important de ne pas déloger, dans la mesure du possible, une colonie de chauves-souris durant la saison de reproduction. Pendant cette période, certains jeunes ne savent pas encore voler, et par conséquent, ceux-ci risquent de mourir emprisonnés dans l’entre toit ou dans les murs et ainsi occasionner d’autres problèmes comme des odeurs désagréables ou l’intrusion de chauves-souris dans les pièces habitées de la demeure. Il est possible de procéder à l'expulsion des chauves-souris en avril-mai, avant la naissance des jeunes, ou entre la fin septembre et octobre, lorsque la colonie se disperse. Une fois les issues bouchées, vous pouvez installer un dortoir à chauves-souris si vous souhaitez les conserver à proximité de votre habitation.

Si vous êtes dans l’obligation d’expulser une colonie, il est possible de le faire en prenant soin de suivre les indications mentionnées.On recommande généralement de faire des réparations à partir de septembre/octobre car les chauves-souris quittent généralement les maternités à la fin d’août. Pour mieux cohabiter avec les chauves-souris, vous pouvez consulter la section suivante « Vivre en harmonie avec une colonie de chauves-souris ».

Les pesticides

Puisque les chauves-souris sont des espèces qui se nourrissent d'insectes, elles subissent les contrecoups de la lutte contre les insectes ravageurs. L’épandage de pesticides réduit d’une part les proies disponibles pour les chauves-souris, mais il touche également les insectes présents et futurs. En ingérant des insectes contaminés par les pesticides, les chauves-souris accumulent dans leurs graisses des doses de produits chimiques. Comme ces produits sont stockés dans les tissus adipeux de l’animal, l’organisme assimile les insecticides durant la période d’hibernation ou durant la migration. Ces pesticides se retrouvent également dans le lait maternel. Ainsi, durant les premiers jours après le sevrage, les jeunes puisent dans leur réserve de graisse et consomment eux aussi une dose de ces produits toxiques. Qu’elles soient résidentes ou migratrices, chacune d’entre elle finit par utiliser ses réserves de graisse et peut donc succomber à ces fortes teneurs de produits chimiques.

Le développement éolien

Bien que toutes les espèces de chauves-souris puissent subir des mortalités dans les parcs éoliens, ce sont principalement les espèces migratrices qui sont le plus grandement touchées. Les parcs éoliens sont mortels pour les chauves-souris non seulement en raison des collisions avec les pales, mais surtout à cause des variations de pression importantes provoquées par le mouvement rapide de ces dernières. Lorsque les chauves-souris s'approchent de l’éolienne, ce changement rapide de pression provoque des traumatismes et des hémorragies internes fatales au niveau des poumons. Ce traumatisme est appelé « barotraumatismes ».